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En cette fin de journée, la voiture file bon train sur la route qui mène d’Albuquerque à Santé Fé. Dehors, la température avoisine les cent degrés Fahrenheit ; la climatisation manuelle peine à contenir les assauts répétés du soleil contre les vitres de notre véhicule de location. Un contact physique avec celles-ci devient vite une torture tant la chaleur est omniprésente et s’insère jusqu’aux tréfonds de ma chair. Pourtant, elle ne parvient pas à pénétrer les portes de mon esprit. Toutes sont closes pour mieux empêcher l’évasion de mon souvenir le plus cher, consacré au concert de mon idole, et qui date du week-end dernier.
La chanteuse avait choisi le plus majestueux des écrins pour exprimer ses talents oratoires, le Caesar’s Palace à Las Vegas. Comme son nom l’indique, ses ornements architecturaux en font une parfaite réplique des palais romains, voire leur digne héritier. Ici, tout est conçu pour satisfaire les moindres désirs des amateurs de jeux de hasard : près de 6000 employés (dont un grand nombre de serveuses courtement vêtues) s’occupent de 2500 chambres, 11 restaurants et 3 casinos d’une surface de 1 hectare.
Le plaisir pris à admirer les statues de dieux antiques, les spectacles aquatiques « sons et lumières », se trouva exacerbé lorsque j’assistais à l’entrée de la diva dans l’arène créée spécialement à l’occasion de son spectacle. Tandis qu’elle parcourait la scène à grandes enjambées conquérantes, mon ami Serge me tenait les mains pour limiter les tremblements qui les animaient. Mais personne n’aurait pu m’empêcher de manifester ma joie, pas même mon boy friend !

Puis elle déclina son répertoire musical sous toutes ses coutures sans ménager ses forces, ni celles de ses multiples fans qui reprenaient à l’unisson chaque refrain. Seul bémol à la fête, l’air moqueur de Serge lorsque je me joignais au chœur des fidèles de l’artiste ! Je le rudoyais violemment car je voulais que mon bonheur soit total ce soir-là. Comprenant la leçon, il s’abstint de tout commentaire jusqu’à la fin du concert.
Hormis ce fait mineur, le deuxième point fort de la soirée eut lieu alors que je sortais de la salle de spectacle. Mon regard fut attiré par les clignotants incessants d’une machine placée près de la sortie. Par sa forme, elle différait peu des multiples machines à sous qui avaient investi la place dans le casino du Caesar’s Palace, mais je ne sais toujours pas pourquoi, mes pas me guidèrent bien malgré moi devant elle.
« Tu veux tenter ta chance ? » Serge souriait ironiquement. J’en éprouvais un fort agacement, c’était la seconde fois de la soirée qu’il osait me contrarier.
« Pourquoi pas ! » Il suffisait d’une pièce d’un dollar pour se mesurer à la machine. Une fois celle-ci repue, les mécanismes commencèrent à virevolter. A la fin, trois points d’interrogation s’alignèrent à l’écran. J’avais gagné ! A la place des pièces de monnaie, je recueillis seulement un jeton de plastique vert où était curieusement inscrite l’annonce suivante : « Vous voulez vraiment changer de peau et vivre une existence de star ? Seul Hosteen Tso peut vous aider ! Il vous attend sur la plaza de Santa Fé muni du passeport que vous venez de gagner… A bientôt. »
A cet instant précis, je sentais le regard de mon ami se poser sur moi. J’étais convaincue qu’il était empreint de moquerie. Avant qu’il ne puisse décrocher une parole assassine, je lui brandis mon cadeau sous le nez.
« Nous ne savions pas quoi faire demain ?
- Heu non ! Pourquoi ?
- Nous partons à Santa Fé récupérer mon gain. Pas d’objection, j’imagine ! »
Comme d’habitude, il resta sans voix. Ses tentatives de rébellion ne duraient généralement jamais longtemps. Il se borna à regarder le bout de ses chaussures en attendant la suite des événements.
Nous rejoignîmes notre motel pour préparer notre périple. Le plus dur restait à faire, parcourir près de six cent miles n’était en effet pas une mince affaire, mais je savais que mon avenir dépendrait de cette rencontre…
A première vue, la ville de Santa Fé paraît surprenante si on la compare à Las Vegas. Ici, point de buildings, de néons clignotants et aveuglants, toutes les maisons rappellent l’atmosphère mexicaine des films de Sergio Leone. Les bâtiments ressemblent à des cubes plus ou moins allongés constitués essentiellement d’argile. La couleur ocre est omniprésente. Elle cède provisoirement la place aux alignements de piments rouges au droit des porches, offerts aux rayons incessants du soleil, ou aux encadrements bleus des fenêtres. C’est une ville vraiment pittoresque ! Dommage que nous ne soyons pas venus ici en simples touristes, nous aurions alors pris le temps de flâner au gré des rues.
La chaleur aidant, nous décidons de nous arrêter dans le premier bar venu, l’Evangelo’s, afin de nous rafraîchir. Enfin, quand je dis nous, j’use d’un euphémisme, car Serge s’est plié bien évidemment à ma proposition et m’a suivi sans poser de question. Le cadre est charmant et le tenancier accepte même d’être photographié au milieu des consommateurs attablés au comptoir. Je me moque de Serge, toujours aussi prompt à saisir son appareil photographique, mais je reste mesurée dans mon propos, il faut bien lui octroyer ce type de concession, sinon, il ne lui resterait pas grand chose pour s’occuper l’esprit. De plus, la plupart de ses clichés m’étant consacrés, il faut aussi varier les plaisirs de temps à autre. Je ne voudrais pas que nos amis se lassent lorsque Serge leur montre nos albums de voyages.
Il est environ 18 h 00 lorsque nous arrivons sur la Plaza Central. A cette heure de la journée, elle est encore noire de monde, des touristes pour l’essentiel, en mal de babioles à acheter dans les innombrables boutiques qui jalonnent la place. Mon intuition féminine me pousse à m’écarter de ces attrape-nigauds, tenus par des américains à la peau décolorée, pour mieux concentrer ma recherche sous les arcades, domaine réservé aux Indiens du secteur.
Alignés le long du mur blanc qui entoure la plaza, ils vendent leurs produits aux touristes désabusés par les prix pratiqués dans les beaux magasins. En passant devant eux, je remarque de très jolies turquoises posées ici ou là sur des nappes situées à même le sol. Entre elles, se trouvent des poteries et les fameux dream catchers qui piègent les mauvais rêves et ne laissent libre cours qu’aux bons et doux songes. Chaque vendeur, homme ou femme, attend paisiblement le bon vouloir des acheteurs, sans chercher à faire dans l’ostentatoire. J’admire leur attitude, elle témoigne de la grandeur du peuple indien, et surtout de leur dignité. Il faut bien dire qu’il ne leur reste que ça !
Celui que je cherche ne se distingue pas du lot, à la différence qu’il ne propose ni bijou, ni tapis. Situé à l’extrémité sud des arcades, il est assis en tailleur et joue seul aux cartes. Celles-ci représentent des personnages étranges, probablement d’origine indienne, vêtus de toges aux couleurs bigarrées.
Je reconnais Hosteen Tso au panneau affiché près de lui où est inscrit son nom en caractères gras. Je lui tends le jeton gagné à Las Vegas. Il daigne enfin lever la tête et saisit le morceau de plastique.
« Asseyez-vous s’il vous plaît.
- Dîtes à votre ami de rester éloigné, cela vaudra mieux pour tout le monde ! »
Je me retourne vers Serge et l’invite à partir, mais celui-ci est déjà loin, emporté par la foule des badauds.
« Quel est votre souhait ?
- J’adore Célia la chanteuse. Je suis venue spécialement de France pour la voir à l’occasion du show qu’elle tient à Las Vegas. J’adorerais la rencontrer.
- Vous en êtes un fan assidu ?
- Plus que ça ! Vivre à ses cotés, partager ses joies serait pour moi le comble du bonheur.
- Si je vous proposais de prendre sa place, d’être Célia, que me répondriez-vous ?
A ce moment de la conversation, je pense avoir affaire à un charlatan. Pourtant, je n’éprouve aucune défiance envers ce personnage sorti tout droit d’une bande dessinée.
« Pourquoi pas ? »
Je suis surprise par ma propre réponse. Ces mots me sont naturellement venus à la bouche.
« Je vous mets toutefois en garde. Cet échange d’esprit ne fonctionnera que s’il est accepté par votre futur hôte. »
Sans réaction de ma part, Hosteen Tso tend ses mains vers moi et les pose délicatement sur mes tempes. Je ferme les yeux. Hormis le contact insistant des doigts de l’homme sur ma peau, je ne perçois au début aucun changement. Puis, la lumière filtrée par mes paupières tend à s’estomper en passant successivement du rouge au noir. Je n’entends alors plus rien.


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La fin du monde est pour demain ! Je viens de me réveiller et c’est la première information que j’entends à la télévision. Les gens en parlaient, l’imaginaient, l’invoquaient ou le redoutaient, certes, mais à dire vrai, personne n’y croyait vraiment. Quoiqu’il en soit, ce coup-ci sera le bon, la tragédie est programmée pour demain matin à cinq heures. Il n’y aura aucun survivant !
Il suffira d’un petit morceau d’étoile, à peine plus grand que la pyramide du Louvre, pour nous rayer de l’univers. C’est un comble ! L’espace est immense, la probabilité d’une telle rencontre, infime, et malgré tout, on va se prendre cet astéroïde en pleine poire. Aucune chance d’y réchapper, pas un airbag suffisamment grand pour amortir le choc, ça va faire mal, très mal !
En attendant le moment ultime, il me faut bien occuper le temps restant, alors je me plonge dans la contemplation de ma télévision, seul lien direct qui me rattache au monde extérieur. Sans elle, j’aurais l’impression d’être un succédané de Robinson Crusöe perdu dans l’immensité du Pacifique. Je dois en profiter tant que les reporters continueront à faire leur boulot. J’y vais de ma télécommande, mais partout où je m’arrête, c’est pour contempler un paysage identique, entendre les mêmes jérémiades…
Ici, je vois la caméra du journaliste s’attarder sur le passage ininterrompu de voitures, là, des files de gens qui marchent dans la même direction. Tout le monde accourt vers le point culminant de notre région comme s’il était l’unique issue de secours.
Pauvres hères ! Ils pensent peut-être échapper au courroux du Seigneur en s’élevant vers lui, mais ils se leurrent ; s’ils ne meurent pas noyés sous la montée des océans, ils périront asphyxiés ou brûlés, que sais-je encore !
Quant à moi, j’attends bien tranquillement dans mon petit coin. Quand l’écran de télé me fatigue les yeux, je prends une revue qui traîne et me plonge dans sa lecture. J’en ai récupéré un tas dans les chambres du rez-de-chaussée vidées de leurs occupants. Il y en a pour tous les goûts… Journaux à sensations, revues automobiles, bouquins de cul, presse bien pensante ou médisante, j’alterne le meilleur comme le pire.
Les meilleurs numéros remontent néanmoins à plusieurs mois, bien avant que la mauvaise nouvelle ne soit annoncée à la population… A cette époque, le sourire était sur le visage de toutes les stars qui étaient photographiées. La mine bronzée, les dents étincelantes de blancheur, elles respiraient la joie de vivre.


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Al regarda sa montre Festina. Elle indiquait 22 h 45. Il faisait le pied de grue depuis plus de deux heures déjà, le soleil était sur le point de se confondre avec l'océan. Celui-ci apparaissait en hachuré au gré des dunes qui bordaient la ligne d'horizon. Plus que quinze minutes et l'obscurité allait progressivement investir la place. Mais c'était largement suffisant pour qu'il en termine avec la pose de sa nasse.
Au préalable, il bourra consciencieusement son piège d'appâts nauséabonds comme les vieux le lui avaient enseigné, puis la tâche finie, il le lança quelques mètres plus loin, dans l'étang près duquel il se tenait. Etang était un bien grand mot, cloaque aurait été plus juste. Par respect à ses amis du coin, il opta pour le vocable de mare, terme a priori plus approchant, qui avait le mérite de satisfaire tout le monde. Mare, tout simplement. Elle n'avait à sa connaissance pas d'autre nom.
Pourtant, ce vulgaire trou d'eau en avait bien eu un dans un passé pas si lointain que ça. C'était un ancien bras de l'Auzance, une rivière au lit fluctuant, qui jusqu'à la fin du 19ème siècle n'avait jamais réussi à caler son point de rencontre avec l'océan atlantique.
Sans l'aide des hommes, elle n'y serait jamais parvenue. Un lit bétonné, une digue pour contrarier le reflux des eaux marines, une écluse pour rythmer les allées et venues de la rivière au fil des marées, tout avait été réuni pour éviter l'ensablement à son embouchure.
Les indigènes y avaient gagné au change. Le paludisme qui régnait alors en maître sur ces eaux stagnantes avait été totalement éradiqué. Les hommes allaient enfin pouvoir cultiver les parcelles de terre (ou plus exactement de sédiments marins), y planter de la vigne, des asperges, bref, annexer un nouveau territoire à leur royaume.
La nature avait enfin cédé le pas devant le génie humain.
Mais à son tour, les descendants de ces audacieux conquérants allaient courber l'échine devant un nouveau fléau, issu de leur propre monde, le péril urbain. Plus rien ici ne parvenait à les satisfaire, ils étaient trop accaparés à contempler les lumières de la ville proche en plein boom démographique et à croire au miracle de l'argent facile à gagner. Après avoir creusé la terre, ils allaient finir comme gratte-papier au sein de l'administration.
Au bout de quelques décennies, la nature avait repris tous ses droits, la vigne était devenue folle et ne produisait plus qu'une infâme piquette, les asperges étaient devenues sauvages. Elle pouvait être heureuse, les traces humaines avaient fini par devenir infinitésimales. Pourtant, la conquête de l'homme avait laissé un orphelin. L'Auzance n'avait pu en effet récupérer son ancien bras, ce dernier ne vivant plus désormais que des subsides du ciel durant l'hiver pour gonfler ses eaux et remercier celui-ci de pas être trop sec chaque été pour pouvoir survivre.
Au début des années 90, l'homme tenta un come back, mais étrangement, la tentative échoua. Les cultures périclitèrent sans raison apparente, comme vidées de leur substantifique moelle par une maladie inconnue jusqu'alors. Les animaux restaient d'une maigreur consternante, si bien que les édiles du secteur pensèrent avoir trouvé la solution miracle en transformant la région en parc naturel. De cette manière, cela permettrait éventuellement d'attirer des touristes en mal de retour aux sources ou à tendance écolo.
Puis, la réserve tomba dans l'oubli, hormis pour les jeunes qui en avaient fait leur territoire de jeux.
Al faisait partie de la bande qui écumait cette zone "franche" lorsqu'il venait passer ses vacances chaque été près du havre de la Gachère. Fils unique, il avait été bien heureux de pouvoir être admis au sein de ce groupe, cela n'était en effet pas donné à tout le monde…
Il avait bénéficié de cette faveur en permettant à certains d'entre-eux de traverser le terrain de ses parents, là où ils passaient quelques jours enfermés dans leur caravane, pour accéder à des canaux pleins jusqu'à la gueule de poissons frétillants. Il s'agissait de mulets, une espèce typique de la région, dont la particularité était de passer le plus clair de leur temps à la surface de l'eau. Il était alors aisé de les attraper à l'épuisette, mais il fallait avoir des yeux dans le dos, car surgissait souvent à l'improviste le propriétaire du cours d'eau en question qui les menaçait des plus graves châtiments.
Les apprentis braconniers avaient été tellement reconnaissants envers Al qu'ils lui avaient permis d'intégrer leur groupe et ainsi de participer à leurs jeux plus ou moins innocents. Lorsqu'ils s'ennuyaient, tous finissaient au café des sports autour du baby-foot, à parier sur le vainqueur de chaque partie. C'était à l'occasion de l'une d'entre-elles que Al s'était vu proposer comme enjeu de passer la nuit complète près de l'ancien bras de la Gachère.
En soit, cela ne lui semblait pas insurmontable, mais là où l'affaire se corsait, c'est qu'il allait devoir y passer la nuit sans lotion anti-moustique. Or il connaissait le coin, les insectes y pullulaient, la nuit risquait le cas échéant d'être passablement longue.
N'empêche, il prit son courage à deux mains et perdit toutes ses illusions à la fin de la partie, il concéda en effet plus de huit points à son adversaire. Le score était sans appel. Il ne chercha même pas à parlementer.
La nuit allait vraiment être longue.
Convaincre ses parents ne fut pas trop difficile, il prétexta qu'il allait dormir chez l'un de ses amis, ils étaient trop heureux de ne pas avoir à partager la caravane, histoire de mieux s'envoyer en l'air.
Le vainqueur de Al toléra qu'il amène avec lui deux objets, la nasse pour passer le temps, un anorak pour mieux supporter la froideur de la nuit. C'était une bien maigre consolation, mais il devait s'en contenter. Dans le cas contraire, s'il s'était dégonflé par exemple, il aurait alors perdu son ticket d'accès au groupe, et ça, il ne voulait pas du tout en entendre parler. A aucun prix ! Il ne souhaitait pas finir les vacances tout seul comme un con.
Tandis que la nasse s'enfonçait dans les profondeurs insondables de la mare, non pas qu'elle soit particulièrement profonde, non, mais la noirceur de ses eaux empêchait toute estimation valable, le garçon observait les alentours. En dépit de la pénombre, il distinguait relativement bien ce qui se passait autour de lui, à savoir rien du tout ! Le vent s'était assagi, les oiseaux s'apprêtaient à dormir, le silence était seulement troublé par le bruit des vagues. Il n'y avait que l'océan qui allait passer une nuit blanche, enfin Al l'espérait, car il pensait bien pouvoir s'endormir, lui, avec un peu de chance et beaucoup de volonté.
Il chercha un endroit où il allait bien pouvoir passer la nuit. Les buissons étaient rares, mais il en trouva un apte à servir de rempart de fortune contre les petits prédateurs ailés, genre moustique ou chauve-souris. Il s'assit, se roula sous l'arbuste et se mit en position de chien de fusil. Il se souhaita mentalement bonne nuit et ferma les yeux. Avait-il beaucoup dormi lorsqu'il les rouvrit, il ne le savait pas. Quoiqu'il en soit, quelque chose l'avait ramené sur terre, loin des bras de Morphée. Quelque chose, oui, mais quoi ?


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